« L’esprit commence et finit au bout des doigts » Paul Valéry
/// Architecte, j’ai exercé ce métier pendant 10 ans, travaillant principalement sur des équipements publics, centre culturel, bureaux, écoles, EHPAD… Puis j’ai souhaité trouver un autre rythme de travail, un autre rythme de vie !
Fledermaus est né en 2013, reflet de certaines envies et préoccupations : stimuler l’imaginaire / mêler le beau au quotidien / prendre le temps de l’observation, de la réflexion, de la conception puis de la fabrication…
Passionnée d’art en général, graphiques, décoratifs et appliqués en particulier, j’ai toujours accordé une grande importance aux lieux de vie et aux objets qui nous entourent. Je conçois et fabrique des objets liant expression artistique et fonctionnalité.
Au départ de mon processus créatif est la linogravure.
Je grave dans des plaques de linoléum des dessins que j’ai préalablement imaginés et dont je décline ensuite les estampes sur des papiers artisanaux, ou des tissus, tels des motifs.
Les dessins gravés reflètent mes influences diverses, – Wiener Werstätte, BD, graphisme, illustrateurs jeunesse, culture traditionnelle asiatique, architecture … notamment – et mon insatiable curiosité.
Je joue de l’étonnante variation qu’offre la linogravure : motif répété et estampe toujours singulière pour créer des compositions originales à partir desquelles je fabrique des objets uniques. Des objets donnant une atmosphère particulière à un lieu, suggérant des histoires empreintes de poésie, notamment des luminaires pour lesquels je travaille sur le contraste éteint/allumé proposant deux lectures différentes et surprenantes d’un même objet.
Chaque objet est unique et peut être décliné sur mesure.
The starting point of my artistic work is linocut. I carve into a sheet of linoleum the drawings that I have previously imagined, and then stamp them on craft paper, just like patterns. All of my lampshades are unique pieces, whose inside can be designed like a shadow theater or using pleated paper. I work at the opposition between lights and shadows to create a poetical and amazing landscape.
/// Pourquoi Fledermaus ? /////////////////////////////////////////////////////////////
Fledermaus (la chauve-souris en allemand) était le nom du cabaret créé par les membres du Wiener Werskätte à Vienne (Autriche) en 1907.
La communauté de production d’artisans d’art du Wiener Werkstätte fut inscrite au registre du commerce de Vienne de 1903 à 1932.
Les membres les plus connus de ce collectif d’artistes, issu du mouvement de la Sécession viennoise, étaient : Gustav Klimt, Joseph Hoffman, Koloman Moser et Oskar Kokoschka.
Leur programme était le suivant : « Les effets désastreux provoqués dans le domaine des arts appliqués, d’une part par une production de masse de mauvaise qualité, de l’autre par l’imitation servile des styles anciens, menacent de submerger le monde entier. [ ] Nous voulons établir un contact étroit entre le public, le concepteur et l’artisan, et réaliser des objets ménagers simples et utiles. Nous partons de la fonction ; la valeur d’usage est notre premier critère. Notre force doit résider dans de bons rapports et un bon traitement des matériaux. Là où c’est possible, nous intégrerons des ornements, mais sans excès et jamais à tout prix. »
« Le cabaret Fledermaus, oeuvre d’art totale, est un merveilleux petit lieu en marbre blanc et gris, avec un bar multicolore, sous un plafond tout blanc. Où qu’on regarde, ce ne sont qu’objets tendres, singuliers, réalisés avec amour » écrivit le poète Peter Altenberg lors de l’inauguration en octobre 1907
/// Petit précis technique /////////////////////////////////////////////////////////////
La linogravure s’apparente à la gravure sur bois (xylogravure).
C’est une méthode de gravure relativement jeune : le linoléum apparaît en Angleterre en 1863. À l’origine utilisé uniquement pour recouvrir les sols, c’est seulement en 1900 qu’il est détourné vers la gravure. Le linoléum est un matériau naturel, composé d’un mélange de poudre de liège, d’huile de lin, de gomme et de résine, l’ensemble étant comprimé sur une toile de jute. Le linoléum est plus homogène que le bois et ne comporte pas de fil.
On compte quatre étapes principales pour la réalisation d’une estampe :
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le report du dessin, préalablement imaginé, au crayon sur la plaque,
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la gravure proprement dite (la gravure est faite en négatif, c’est à dire que l’on évide les futures zones de blanc = « taille en épargne des blancs »),
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l’encrage de la plaque à l’aide d’un rouleau spécifique,
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et enfin l’impression du dessin gravé sur le papier ou le tissu.
Je creuse la matière à l’aide d’outils appelés gouges. L’encre typographique que j’utilise est à base d’eau, ou d’huile de lin suivant le support. Je réalise l’impression par pressions manuelles, sans presse.
/// Chaque estampe obtenue est unique.
Nathalie Ginhoux ///